Reims : Toute l'information rémoise et champenoise

 


samedi 24 mai 2008

Colapso Cardiaco de Jean Bigot

Colapso Cardiaco

24 mai - 17 juin 2008 (entrée libre)

Exposition aux Galeries de l’Ancien Collège des Jésuites de Reims

 Colapso Cardiaco de Jean Bigot

Jean BIGOT, artiste plasticien rémois et petit-fils de réfugiés espagnols, invite le public à ressentir l’histoire, celle du franquisme, dictature qui fit de l’un de ses arrière-grand-pères maternels une victime et conduisit l’autre à l’exil. « Colapso Cardiaco », l’intitulé de cette exposition à l’Ancien Collège des Jésuites, renvoie à la constance des dictatures à travestir la réalité.
Ainsi, à la fin de la guerre d’Espagne (à partir de 1939), toutes les familles des républicains ou d’opposants au régime de Franco exécutés en prison recevaient un courrier avec comme motif officiel de décès la formule « colapso cardiaco » qui signifie crise cardiaque en castillan.
Confrontant les souvenirs de son enfance insouciante  sur le bord de mer, à la destinée de ses arrière-grand-pères, hommes de lettre catalans de premier plan et républicains très impliqués, à partir de vidéos et d’installations suggérant tantôt la violence de l’arrestation, tantôt la mort et l’absence, Jean Bigot partage ses ressentis, ceux de ses proches et ouvre le débat sur la dictature, l’exil en général. Un défi relevé avec beaucoup de talent et de sensibilité !

Une cassure irréversible


 "Sur les documents officiels du régime franquiste, Colapso Cardiaco indique la cause du décès de mon arrière grand-père fusillé en 1939. Ces deux mots représentent pour moi la cassure irréversible survenue dans la vie de chacun des membres de ma famille cette année-là.
Une cassure qui survit aux personnes, se transmet de génération en génération et voile chaque image heureuse d'une ombre invisible mais perceptible.
Paradoxalement, c'est cette ombre que j'essaie de mettre en lumière ici, à travers les souvenirs heureux de ma propre enfance, et les reliques d'un passé lourd et persistant." 
Jean Bigot

Une histoire entre Espagne et France, où se côtoient guerre civile, exécution, exil et dictature, mais aussi vacances, mer et soleil...
« Mes arrières grand-pères maternels furent des héros de la guerre d’Espagne, et restent aujourd’hui encore des personnages emblématiques pour la Catalogne moderne : Carles RAHOLA, philosophe et historien, sera condamné à mort et exécuté dans sa ville de Gérone, tandis que Pompeu FABRA, auteur du dictionnaire catalan, finira ses jours en exil à Prades, dans les Pyrénées Orientales.
Dans Colapso Cardiaco, j'utilise ma mémoire pour relater l'histoire de ma famille maternelle, une histoire entre Espagne et France, où se côtoient guerre civile, exécution, exil et dictature, mais aussi vacances, mer et soleil... »
Jean Bigot

Dans cette exposition, photographies, installations et vidéos transmettent les sensations passées et présentes liées à cette histoire, sensations auxquelles s'ajoutent documents et témoignages recueillis auprès de parents et de proches de part et d'autre des Pyrénées et images d’archives.

Extrait d’une lettre de Carles Rahola à sa famille écrite peu de temps avant son arrestation
Gérone, 14 mars 1939
« Je ne crois pas laisser d’ennemis sur cette terre, dans cette douce Catalogne que j’ai tant aimée, dans cette Gérone de mes amours, ni ailleurs.
Que quelqu’un rassemble (…) le meilleur de mon œuvre ; vous savez bien avec quelle ferveur je l’ai réalisée, jour après jour, minute après minute.  J’avais encore tant de choses à faire et à écrire ! J’avais encore tant à aimer ! Mourir … regret infini et douloureux.»


Ancien collège des Jésuites de Reims
1 place Museux
Reims 51100
Tel (03 26 35 37 70)

vendredi 23 mai 2008

La vie musicale à Reims au XVIIIeme siècle


La vie musicale à Reims au XVIIIeme siècle

De l’atelier de lutherie à la salle de concert 
Pierre Marc. Six sonattes à violon seul et basse continue. Reims, Archives municipales et communautaires, FA Carton 692, liasse 17

Jusqu'au 28 juin 2008

Entrée libre et gratuite.

la bibliothèque Carnegie présente une exposition inédite, principalement à partir de son fonds. Sur quels instruments jouaient les musiciens rémois du xviiie siècle ?
Quels concerts, quels spectacles, quels programmes étaient donnés à Reims à cette époque ? Quels étaient les compositeurs les plus appréciés ? À quel public ces manifestations musicales s’adressaient-elles ?
Voici quelques-unes des questions passionnantes et rarement explorées qui sont au cœur de cette exposition.
Cette exposition, la toute première en France sur le sujet, révèle ainsi un pan aujourd’hui méconnu de l’histoire de la vie musicale dans une ville de Province avant la Révolution : le fort développement de la musique profane à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle soutenue par les ateliers de lutherie de Reims et de la Champagne et enfin, la grande importance de la musique religieuse.

Implication de l’Université de Reims
L’exposition met en valeur des instruments du xviiie siècle prêtés par l’atelier de lutherie François-Joseph Pommet (Reims), des partitions, des manuscrits, des affiches originales conservées à la Bibliothèque Carnegie et dans d’autres centres de conservation, analysés par les étudiants de master en musicologie de l’Université de Reims.
Des enregistrements inédits d’œuvres données en concert à Reims ou de compositions écrites par des musiciens locaux, spécialement réalisées pour cette occasion par le département de Musique et Musicologie de l’Université de Reims de Reims, seront mis à la disposition du public. Un numéro spécial des Cahiers rémois de musicologie accompagne l’exposition. Il est vendu à l’accueil de la bibliothèque (14 €).
Commissariat : Florence Doé de Maindreville (maître de conférence en musicologie à l’Université de Reims Champagne-Ardenne) pour l’histoire de la musique sacrée et de la musique profane ; François-Joseph Pommet et Leïla Barbedette (atelier de lutherie François-Joseph Pommet à Reims) pour l’histoire de la lutherie champenoise.

Fort développement de la musique profane


À partir de la seconde moitié du siècle, la musique profane connaît un fort développement dans la ville, grâce à la fondation d’une Académie de musique (en 1749) et d’un Théâtre (en 1754).
Créée en 1749 par des notables rémois, l’Académie de musique se produit d’abord dans une salle de l’hôtel de ville, avant de gagner, en 1789, le Théâtre de la rue de Talleyrand. L’objectif est double :
développer la musique à Reims en proposant des concerts, favoriser l’éducation musicale de la bourgeoisie locale. Certains interprètes se produisent à Reims de manière éphémère. D’autres sont attachés à la ville pour une ou plusieurs saisons.
Le violoniste Pierre Marc apparaît comme l’un des piliers de l’institution : il assume pendant une vingtaine d’années un double rôle de premier violon et de compositeur. Pour la plupart, les compositeurs les plus joués sont des contemporains de nationalité française. Pour la partie sacrée, les maîtres locaux, Hardouin, Lasnier mais aussi Bigot et Delestre, sont à l’honneur. Pour l’opéra, trois personnalités dominent : Rameau jusque dans les années 1770, puis Rousseau et enfin Grétry qui occupe à lui seul plus d’un tiers des programmes après 1780. Le répertoire symphonique fait exception : on interprète essentiellement des auteurs germaniques (Haydn puis Pleyel). À noter : l’absence totale de Mozart.
L’importance croissante donnée à l’opéra comique et à la musique symphonique, le choix des compositeurs, sont représentatifs du goût français. Grétry jouit alors d’une vogue extraordinaire et Haydn est joué dans l’Europe entière. Les programmes de l’Académie de Reims s’inscrivent dans une esthétique générale tout en affirmant leur spécificité par les auteurs rémois joués.

Au lieu d’être circonscrite aux intérieurs domestiques, la musique se donne à entendre dans ces salles de spectacle où se pressent les auditeurs. C’est un véritable dynamisme qui caractérise Reims à la veille de la Révolution : les concerts proposés au public sont alors bien plus nombreux qu’aujourd’hui !

Les ateliers de lutherie installés à Reims et en Champagne participent de ce dynamisme.
Certes, sous l’Ancien Régime, la centralisation de la cour ne favorise pas le développement artistique en province : il y a donc peu de luthiers en dehors de la capitale. Les petites productions artisanales, la fragilité des matériaux et les techniques de restauration quasi inexistantes de l’époque ne laissent que de rares instruments à la postérité.

Pourtant, des documents d’archives inexploités dévoilent certains aspects de la vie quotidienne des luthiers champenois oubliés : les Salomon, implantés à Reims, mais aussi le rémois Nicolas Gosset (1715-v. 1790) ou encore le troyen Claude Aubert (1721-1794). Claude Aubert est le seul luthier répertorié à Troyes au milieu du XVIIIe siècle. Son atelier, situé au cœur de la ville, est le lieu d’une activité variée qui va de la vente de cordes à la fabrication d’instruments en passant par la réparation. Ses instruments, peu connus aujourd’hui, sont de belle facture, rappelant les plus beaux « Vieux Paris». Aubert a également formé deux ouvriers qui ont repris sa boutique à la fin du siècle.
Nicolas Gosset exerce à Reims dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, témoignent de son activité des violoncelles et des écrits sur ses inventions concernant différents instruments de musique. Les Affiches de Reims décrivent un clavecin perpendiculaire, et dans un rapport déposé à l’Académie des Sciences, Gosset fait état de ses recherches relatives à une nouvelle manière de fretter les manches. Il a pour cela travaillé en collaboration avec son ami Jaques Turpin, organiste de la cathédrale.
Lutherie, ouvrages et outils, dans Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, t. 22, pl. XVIII, Paris : Briasson, 1751-1780.
Reims, BM, Rés. GG 99
Lutherie, ouvrages et outils, dans Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, t. 22, pl. XVIII, Paris : Briasson, 1751-1780.
Reims, BM, Rés. GG 99

À Reims, la famille Deshay dit Salomon est un bel exemple de transmission familiale d’un savoir-faire : le père, Antoine Deshay, est admis à la maîtrise des joueurs d’instruments en 1711 et forme trois de ses fils. Jean-Baptiste arrivera à la plus haute fonction de la corporation des luthiers de Paris en 1760. Il est un des maîtres et initiateur de l’École des « Vieux Paris », et reconnu aujourd’hui comme l’un des plus grands luthiers français de son époque.

Grande importance de la musique religieuse

Henri Hardouin. Reims, BM, 39-251.

À Reims, la musique religieuse a toujours revêtu une grande importance, notamment grâce au dynamisme de la maîtrise de la cathédrale.
Henri Hardouin, maître de musique entre 1748 et 1801, est le personnage central de cette institution.
Il se rend célèbre par ses nombreuses compositions religieuses, dont les manuscrits sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque.

Bibliothèque Carnegie
2 place Carnegie,
51100 Reims
Tél. : 03-26-77-81-41
Horaires d’ouverture
Mardi, mercredi, vendredi : 10h-13h ; 14h-19h
Jeudi : 14h-18h
Samedi : 10h-13h ; 14h-19h

jeudi 22 mai 2008

Hip Hop à Reims

Médiathèque Jean Falala

Hip Hop à Reims

A la découverte du hip hop palestinien
Documentaire à la médiathèque Jean Falala


Le samedi 24 mai 2008 à partir de 14h30, se déroule à la Médiathèque Jean Falala et en partenariat avec la Cartonnerie, la projection du documentaire inédit « Le Peuple orphelin » (2005).
Ce dernier, d’une durée de 52 minutes et réalisé par Naili et Fayal Barhoum, retrace le « Nail Orient Express Tour », ou la tournée d’un groupe de hip hop, le Nailklan, à Gaza, Jerusalem et Haîfa en juin 2005. Plus encore, il relate des rencontres entre jeunes Palestiniens, jeunes immigrés Falashas d’Haïfa et ce groupe dans le cadre d’ateliers hip hop organisés par le centre culturel français de Gaza. Le fruit de cette rencontre : la tournée européenne de GAZATEAM, collectif rap à l’initiative de Naili, artiste franco-algérien membre de Nailklan avec une étape à Reims. Au programme du samedi 24 mai : à 14h30 projection du documentaire suivie d’un mini-concert et d’une rencontre avec le public à la médiathèque Jean Falala et enfin, un concert le soir-même à la Cartonnerie, à 20h en première partie du concert de Beat Assailant

GAZATEAM « Ce collectif a été créé à l’initiative de l’artiste franco-algérien Naili après sa tournée « Nail Orient Express Tour » dans les territoires palestiniens en 2005. GAZATEAM regroupe trois identités artistiques différentes, à savoir le groupe RFM et les rappeurs Khaled, Nour et Naili.
Après une prise en charge en 2005 par le Nailklan pour un suivi artistique de deux ans, « GAZATEAMM » enregistre et sort son premier album fin 2007, avant d’entamer une tournée en Europe. « Schizophrénie carcérale » dans des territoires où ils sont en proie à la violence et la terreur quotidienne, où la mort s’est banalisée, ne laissant envisager pour beaucoup d’entre eux, qu’un avenir noir comme les yeux des mères qui pleurent leurs enfants. Ces jeunes ont trouvé dans l’écriture un refuge, et dans la scène un exutoire pour crier leur rage, leur colère, leur tristesse, mais surtout l’espoir d’un lendemain qui chante… » (extrait du dossier de presse)

D.Dumon

mercredi 7 mai 2008

Exposition BD Frank Pé à Reims

Exposition BD à Reims

La part animale, un regard sur l’art de Frank Pé
Exposition de BD du 6 mai au 28 juin 2008
Médiathèque Jean Falala – Reims
Entrée libre

Expo bd à Reims Frank Pé

La part animale, un regard sur l’art de Frank Pé Une gazelle dansante, un ours puissant, une jeune fille farouche, un fauve de bronze… Du 6 mai au 28 juin 2008, pas moins de 150 à 200 oeuvres originales de Frank Pé (planches, fresque de 6 m de long, esquisses, croquis, lithographies, bronzes) sont réunies à Reims sur les 4 niveaux de la médiathèque Jean Falala pour son exposition annuelle de BD. La part animale, un regard du l’oeuvre de Frank doit ainsi permettre au grand public de (re)découvrir la BD sous un autre oeil. De Zoo à Brousssaille en passant par la Grande Guerre

Frank Pé, dessinateur passionné d’art et amoureux de la nature interroge sans cesse dans son oeuvre les relations des hommes à la nature. L’exposition s’intéresse en particulier à deux séries illustrées par l’artiste : Zoo avec le Dr Célestin, que l’on suit jusqu’à la déstabilisation de la Première Guerre Mondiale puis Broussaille, évoquant les investigations poético-écologiques de son héros éponyme, un jeune adolescent rêveur. L’ensemble est complété par des objets et oeuvres appartenant au Fort de la Pompelle pour évoquer la Grande Guerre, au Musée des Beauxarts de Reims et aux collections patrimoniales de la bibliothèque Carnegie.

Frank Pé
Né le 15 juillet 1956 à Ixelles, Frank Pé publie ses premiers dessins dans le Journal Spirou en 1973 où il crée le personnage de Broussaille, qui devient rapidement un héros de bande dessinée à part entière. Frank se plongera ensuite avec délice dans l’univers de Zoo, une série écrite par Philippe Bonifay. C’est également un illustrateur reconnu qui a participé à plusieurs films d’animation. Passionné de voyages et de nature, il a élevé près de 50 reptiles dont 13 crocodiles et travaille actuellement à la création d’un Atelier-zoo, à mi-chemin entre zoologie et création artistique.

La part animale, un regard sur l’art de Frank, s’intéresse principalement à deux séries de Frank Pé : d’une part Zoo, 3 volumes parus entre 1994 et 2007, et d’autre part Broussaille, 5 volumes parus entre 1987 et 2003.

Broussaille
On ne sait pas grand chose de la vie de Broussaille : il habite au 56 de la rue Godecharle à Bruxelles avec son chat ; ses parents sont inconnus ; sa famille et ses amis apparaissent au gré de ses différentes aventures. Cet adolescent rêveur évolue dans un univers poètique et philosophique, et s’attache à résoudre des énigmes naturelles au léger parfum de fantastique. 5 volumes, Dupuis, collection Repérages, 1987-2003
De Zoo à Broussaille
La part animale, un regard sur l’art de Frank, s’intéresse principalement à deux séries de Frank Pé : d’une part Zoo, 3 volumes parus entre 1994 et 2007, et d’autre part Broussaille, 5 volumes parus entre 1987 et 2003.


Zoo
Quelque part au bout d'une route normande, le docteur Célestin a installé les fondations de son zoo. S'y côtoient les plus beaux animaux de la création. Ours, panthères, gazelles...
Une petite communauté humain y déploie aussi sa différence. Il y a la fille adoptive de Célestin, Manon, la sensuelle sauvageonne. Elle partage son amour entre ses animaux et Buggy, le sculpteur animalier, magicien des formes.
Sans oublier la dernière venue : Anna, la femme sans nez, qui a fui la Sibérie où son destin fut déchiré. Entre arche de Noé et paradis originel, le zoo défie les contingences morales de son temps. Pour déstabiliser ce microcosme, il fallait au moins une guerre mondiale. La fin du tome 2 voyait Célestin partir pour les tranchées du front, brusque et violent retour à la réalité. Avec le tome 3, c'est au tour d'Anna de se rendre vers le Grand Dehors.
Sur les traces sanglantes de la guerre des autres, elle va chercher le bon docteur dans les ruines de l'ancien monde. Elle qui a perdu son âme, va-t-elle enfin la retrouver ? Va-t-on assister à la fin du zoo ou à sa renaissance ? (source : éd. Dupuis)
3 volumes, Dupuis, collection Aire libre,1994-2007

Broussaille
On ne sait pas grand chose de la vie de Broussaille : il habite au 56 de la rue Godecharle à Bruxelles avec son chat ; ses parents sont inconnus ; sa famille et ses amis apparaissent au gré de ses différentes aventures. Cet adolescent rêveur évolue dans un univers poètique et philosophique, et s’attache à résoudre des énigmes naturelles au léger parfum de fantastique. 5 volumes, Dupuis, collection Repérages, 1987-2003

Parcours /1

L’humanité, une question de regard
(rez-de-chaussée)
La salle d’exposition s’ouvre avec la lettre posthume de Célestin, personnage central de Zoo, parti au front exercer son métier de médecin. Alors qu’il agonise dans les décombres d’une pharmacie de campagne bombardée, il écrit une dernière lettre destinée à ceux qu’il aime et qu’il a laissés derrière lui au sein de son zoo.

« Je rêvais de quitter ce monde tombé dans un buisson de notre zoo où couché à l’ombre d’un arbre, m’endormant avec le chant d’un oiseau, le ronronnement de notre panthère ou les cris joyeux de quelque singe, mais voilà, la vie décide seule de ce qu’elle nous offre et je dois me contenter du gravas, d’une solitude forcée, d’odeurs nauséabondes et du bruit métallique des engins de guerre. Comme vous me manquez ! et comme notre zoo me manque lui aussi. Que de moments extraordinaires ai-je passé grâce à vous trois. La vie sous toutes ses formes, du printemps à l’hiver, des naissances aux épidémies, des larmes de joie et des larmes de tristesse. Notre zoo était une belle maison familiale ayant habité bien des fois nos éclats de rire. Toute cette désolation que les hommes viennent de répandre l’ont abimé jusqu’à le plier, lui faire mettre un genou à terre. Si vous le pouvez encore, sauvez-le. Nous lui devons bien ça !... »
Les planches du tome 3 de Zoo explorent la vie du zoo pendant le conflit de 14-18. La dramaturgie du travail de Frank Pé est soulignée par des documents d’époque de la Grande Guerre (objets, photographies, dessins…) provenant de la bibliothèque Carnegie et du Fort de la Pompelle.
Ici, aussi, sont présentés, outre les biographies de Frank et Philippe Bonifay, la série et ses personnages à travers panneaux, portraits individuels et de groupe.
Buggy, Anna, Manon et Célestin sont les protagonistes de Zoo. A eux quatre, sans avoir aucun lien de parenté, ils forment une famille d’élection, un petit monde clos que la guerre vient perturber. Leur histoire individuelle et collective est retracée ; nous pénétrons dans leur intimité, à travers leurs portraits, leurs objets personnels, leurs souvenirs… Le visiteur est alors invité à gravir les étages pour découvrir les regards singuliers que chaque personnage porte sur le monde animal.

Parcours / 2

L’animal, de l’art à la communion (1 et 2 étage)
Le zoo, niché au coeur d’un parc paysager, est la propriété Célestin qu’il entretient avec l’aide de Buggy (sculpteur belge), Anna (réfugiée sibérienne) et Manon (sa fille adoptive). Dans ce petit paradis terrestre sans visiteur, les animaux semblent s’ébattre en toute liberté sous le pinceau de Frank. Seront exposées des planches des trois tomes de la série mettant en scènes les personnages et leur histoire personnelle, des illustrations, affiches et ex-libris.
Sculpter le coeur primitif… : Buggy et Manon (Espace image et son – 1er étage)

Retrouvons l’atelier de Buggy, artiste animalier toujours prompt à insuffler de l’âme au coeur du minéral, et les vagabondages de Manon parmi les animaux, distillant un parfum de mystique naturelle.
Sont exposés des planches des trois tomes de la série montrant le zoo, les animaux, le travail d’artiste de Buggy, une fresque animalière de 6 m de long, les sculptures en bronze, des illustrations et ex-libris. Des oeuvres d’art animalières du début du 20e siècle (peintures et sculptures) provenant du Musée des Beaux-arts de Reims dialoguent avec les oeuvres de Frank.

Voir l’animal au dehors et le sentir en soi : Célestin et Anna ( Espace littérature – 2e étage)
Nous visitons le cabinet de travail de Célestin, le naturaliste. S’ajoutent à l’ensemble des dessins et peintures de Frank des illustrations animalières et livres de naturalistes allant du 16 au 19 siècle issus des collections de la bibliothèque Carnegie. Enfin, la figure d’Anna, femme sans nez et fil rouge de l’histoire, est évoquée dans sa dimension totémique, en provenance de la lointaine sibérie, où les psalmodies du chamane se conjuguent à la marque de la malédiction.

Parcours / 3 & 4

Broussaille, les prémices de l’oeil (Espace jeunesse – rez-de-chaussée)
Poètique et philosophique, l’univers de Broussaille, l’adolescent rêveur, à l’affut d’énigmes naturelles au léger parfum de fantastique, est emblématique du regard posé sur le monde par Frank. D’albums en albums, le chemin parcouru par Broussaille devient planétaire : de la Belgique vers le Japon, le Burundi et d’autres terres.
Des illustrations et planches extraites de la série Broussaille ainsi que des panneaux réalisés par l’association "On a marché sur la bulle" présentent cet autre aspect de l’oeuve de Frank.

(Foyer de l’auditorium – niveau -1)
Pour finir, le visiteur flanera parmi les travaux de Frank réalisés à diverses occasions : calendrier, album collectif Entre chats…
Encore une fois, s’enivrer de la pure présence animale que la vision de Frank transfigure.

Auteurs / 1

Frank Pé
Né le 15 juillet 1956 à Ixelles, Frank Pé, qui signe Frank, est un grand voyageur, découvreur des cultures et de la nature, et un passionné de peinture. Il effectue trois années d’Arts Plastiques à l’institut St-Luc de Bruxelles avant de consacrer son oeuvre à la faune et la flore. Les années Spirou : Broussaille et l’Elan

C’est pour le Journal Spirou avec qui il collabore dès 1973 que Frank Pé crée le personnage de Broussaille, pour vivre de grandes aventures poétiques et philosophiques : Les Baleines publiques, Un faune sur l’épaule... Avec le scénariste Bom, il décrit la maturation de ce jeune adolescent sur un mode tantôt écologique, tantôt fantastique, mais toujours sensible. Cette série a obtenu une douzaine de prix et de distinctions dont le prix des Alpages de Sierre (1985), le Grand Prix de Grenoble (1989) et l'Alph'Art du public à Angoulême (1990).

Du dessin à l’animation
Parallèlement, pour les Editions Delcourt, Frank conçoit et illustre avec Franquin, Hausman et Cabanes, pour ne citer que ceux-là, l’album collectif Entre Chats, en 1989. En 1993, il ébauche la série Matu pour l'éditeur japonais Kodansha. Engagé en "free lance" par la Warner américaine, il effectue des recherches de personnages pour le dessin animé Excalibur, the magic sword. Il renouvelle l'expérience quelques années plus tard en collaborant avec Cartoon Films et la Warner Allemagne sur plusieurs long métrages (Plume le petit ours polaire, Dodo...).

De zoo à Namur
Après avoir élevé plus de 50 espèces de reptiles dont 16 crocodiles, Frank se plonge avec délice dans l’univers de Zoo, avec Philippe Bonifay. Par l’originalité de son univers, qui évoque les liens entre l’homme, l’art, les animaux et la mort, Zoo connaît un grand succès. En salons, Frank et Bonifay proposent à la place des classiques dédicaces des performances graphiques et narratives : réalisations de fresques géantes en public. Depuis 5 ans, Frank travaille à la création d'un vrai zoo, près de Namur, à vocation artistique : les ateliers d'artistes côtoieront les enclos, et les aquariums sortiront de livres géants. L'Atelier Zoo, installé sur 1,5 ha, devrait ouvrir ses portes en 2011. Frank a également travaillé pour le parc Paradisio en Belgique en concevant la scénographie pour la nouvelle zone indonésienne avec éléphants, buffles, orang-outans, etc..