Reims : Toute l'information rémoise et champenoise

 


lundi 23 février 2009

Elmer et ses amis à Reims

Elmer et ses amis,

par David McKee à la médiathèque Jean Falala

Elmer et ses amis à Reims

3 au 31 mars 2009

La médiathèque Jean Falala proposera d’abord, du 3 au 31 mars, une exposition sur Elmer et ses amis : une occasion unique de découvrir les différentes histoires du célèbre éléphant bariolé Elmer mais également l’univers de David McKee, auteur-illustrateur qui a débuté dans le métier par des dessins humoristiques pour la presse. Très marqué par l’illustrateur André François, il a décidé de regrouper ses histoires et ses dessins pour créer les albums présentés dans cette exposition.

David McKee naît en 1935 à Devon en Grande-Bretagne et fait des études artistiques au Plymouth Art College. Après avoir été dessinateur de bandes dessinées pour divers journaux anglais, il commence la publication hebdomadaire d'un trip dans le supplément du Times puis trouve très vite sa voie dans la publication de livres pour enfants qu'il écrit et illustre avec un talent mondialement reconnu. Il a également produit une série de 13 films pour la BBC tirés d'un de ses livres, Mister Brown, et qui ont été par la suite achetés à l'étranger. Dans ses livres, David McKee mène le double jeu de réconforter les enfants par des signes connus d'eux, et de provoquer l'attention des parents sur les problèmes de l'incommunicabilité propres à notre époque. Dans ses illustrations, McKee choisit toujours très soigneusement les détails de ses personnages et de ses décors, en privilégiant non pas le stéréotype banal mais les objets signifiants de notre culture contemporaine. Les Aventures d'Elmer, par exemple, sont toujours colorées, riches de rencontres et de multiples interrogations.

Médiathèque Jean Falala
2, rue des Fuseliers - Reims
jfalala@bm-reims.fr
Tél. : 03 26 35 68 00

mercredi 11 février 2009

Exposition Frédérique Bertrand

Frédérique Bertrand

à la médiathèque Croix-Rouge

exposition d’oeuvres originales de Frédérique Bertrand

3 au 28 mars 2009

La médiathèque Croix-Rouge proposera du 3 au 28 mars une exposition d’oeuvres originales de Frédérique Bertrand : planches en peinture acrylique, crayon et collages, mais aussi créations en volume. Diplômée de l’Ecole des Beaux-arts de Nancy elle a écrit de nombreux livres pour enfants, mais a aussi réalisé des illustrations pour la presse nationale et internationale, créé des affiches pour des festivals et couvertures de livres. Elle expose régulièrement dans des galeries d’art et a marqué de son style les éditions du Rouergue.

Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Nancy, Frédérique Bertrand a écrit et illustré de nombreux livres pour enfants. Elle réalise aussi des illustrations pour la presse nationale (Libération, Magazine littéraire, Télérama, Le Monde…) et internationale, crée des affiches pour des festivals, des couvertures de livres et expose régulièrement dans des galeries d’art. Elle a marqué par son style novateur les Éditions du Rouergue et en est devenue une figure emblématique auprès d’Olivier Douzou. Son oeuvre a été primée en France, en Italie, en Hollande, au Portugal ou encore aux États-Unis.

Médiathèque Croix-Rouge
19, rue Jean-Louis Debar
croixrouge@bm-reims.fr
Tél. : 03 26 35 68 40

mardi 10 février 2009

Histoires vraies : Rascal

Histoires vraies

Dessins de Rascal à la médiathèque Laon Zola

Histoires vraies, Rascal à Reims

3 au 28 mars 2009

La médiathèque Laon-Zola proposera, quant à elle, une exposition sur l’illustrateur pour la jeunesse Rascal du 3 au 28 mars. Autodidacte, cet artiste belge est un insatiable curieux qui s’est consacré aux livres pour enfants sous toutes ses formes. Il est à la fois auteur et illustrateur mais écrit le plus souvent des histoires pour d'autres artistes. L’exposition réunit des planches originales, des objets ainsi qu’une sélection de dessins originaux d’illustrateurs pour lesquels Rascal a écrit le texte.

Né en 1959 en Belgique, Rascal a passé son enfance à Namur. C’est un autodidacte. Après avoir travaillé dans la publicité, réalisé des affiches pour le théâtre et exercé plusieurs métiers, il décide de se consacrer au livre pour enfants sous toutes ses formes. Tous les styles, toutes les formes l’intéressent : les albums tout carton, les albums thématiques, les contes classiques. Et depuis peu un livre CD et une bande dessinée. C’est un auteur prolixe : plus de 60 livres ont été édités.

Ses citations
« Les chiffres, même magiques, y’a rien à faire, cela ne vaudra jamais les mots »
« Pourquoi je fais ce métier ? Pour marquer les enfants et les êtres comme j’ai pu être marqué par des images. C’est une façon de ne pas mourir. »

Médiathèque Laon-Zola
2, rue de la Neuvillette – Reims
laon-zola@bm-reims.fr
Tél. : 03 26 47 79 41

lundi 9 février 2009

Slam à Reims

La 1ère Nuit du Slam 2009

Slam à Reims

Reims : des vers à consommer sans modération le samedi 14 mars !

C’est à Reims que se déroulera, samedi 14 mars, la 1re et principale Nuit du Slam 2009. La ville de Reims, choisie par la Direction des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne pour représenter sa région lors d’une grande tournée de slam dans le cadre de la Semaine de la langue française, a décidé de soutenir activement l’événement. De 16 h à minuit, elle accueillera donc dans deux structures municipales, la médiathèque Jean Falala et la Cartonnerie, tout un programme de slam de poésie, sur le thème « Des mots pour demain » (ailleurs, capteur, clair, de Terre, clic, compatible, désirer, génome, pérenne, transformer, vision). Des vers à consommer sans modération !

A Reims, la 1re Nuit du Slam se déclinera en deux temps. Le premier rendez-vous de la journée, un tournoi-spectacle de slam proposé par des slameurs issus des quatre régions participantes (Picardie, Champagne-Ardenne, Bourgogne, et Rhône-Alpes), aura lieu à la médiathèque Jean Falala, de 16 h à 18 h. Ensuite, la Cartonnerie ouvrira ses portes dés 18 h pour un apéro-mix avec Aaron 3000 ainsi qu’une exposition de photographies de slam du collectif ArtEos. A partir de 19 h 30, son hall se transformera en grande scène ouverte de slam. Enfin, à 21 h, la soirée se terminera au Cabaret de la Cartonnerie : avec tout un programme international mêlant créations originales et performances de collectifs (Slam Tribu / Reims avec le groupe Somna, la Tribut du Verbe / Lyon) ou de slameurs solo (Danny Sherrard (US) Champion du monde 2008, Naturel (Fr.) Champion de France 2008…).

Reims : la 1re Nuit du Slam 2009 avant Creil, Lyon et Dijon

Première manifestation organisée en commun par quatre Directions régionales des affaires culturelles dans le cadre de la Semaine de la langue française, la Nuit du Slam est née en 2008 autour des slameurs PICABORA (Picardie, Champagne-Ardenne, Bourgogne, Rhône-Alpes), dans le but de faire connaître le slam de poésie au plus grand nombre. Pour l’édition 2009, la 1re Nuit du Slam aura lieu à Reims le samedi 14 mars, avant d’être suivie par trois autres nuits à Creil (20 mars), Lyon (21 mars) puis Dijon (27 mars).

Le slam de poésie

Spectacle de poésie orale, le slam est arrivé en France à partir des États-Unis dans les années 1990. Depuis, cette discipline de poésie orale s’est développée partout en France, investissant les bars, les établissements culturels, les écoles, ou encore les prisons. L’unique règle commune à tous ? Dire un texte de son cru, avec comme premiers principes la liberté d’expression et la mixité sociale et littéraire.

dimanche 8 février 2009

Regards croisés

Reims – Arlington : Regards croisés / Crossing glances

Expo regards croisés Reims Arlington

6 fév. - 15 mars 2009, Ancien Collège des Jésuites

Quelques regards croisés de Reims à Arlington et voici  la notion de jumelage entièrement revisitée par le biais de la création artistique. C’est là l’objet même de l’exposition Reims – Arlington : regards croisés, crossing glances, proposée simultanément par les villes jumelées Reims et Arlington. Dans le cadre de leur jumelage, chaque ville avait mandaté, en 2008, un photographe pour se faire représenter chez sa jumelle. Cécile Bethléem partie à Arlington et John Babineau venu à Reims sont donc chacun allés à la rencontre d’un espace urbain étranger, de son territoire, de son identité. La proposition finale, c’est une double exposition, à Arlington et Reims, dont la version rémoise commencera le 6 février 2009 pour se clore le 15 mars, dans les galeries de l’Ancien Collège des Jésuites. Avec à l’appui, un ouvrage bilingue réalisé grâce à la collaboration de  Didier Rousselet, auteur français résidant à Arlington.

Cécile Béthléem, artiste vidéaste

Expo regards croisés Reims Arlington: Cécile Béthléem

Née en 1978 à Montmorency, elle vit et travaille à Reims et est diplômée de l’E.S.A.D (École Supérieure d’Art et Design) de Reims. De 2005 à 2008, elle expose collectivement plusieurs vidéos (« infini mathématique », « ombre », « somnus »…). En 2007, l’Office Régional Culturel de Champagne-Ardenne sélectionne « somnus » pour son Artothèque éphémère 2008-2009. Toujours en 2007, elle reçoit l’aide individuelle à la création de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne et l’aide à la Création en Arts Plastiques de l’Office Régional Culturel de Champagne-Ardenne, pour la réalisation du projet «  La Tricoteuse de Terre » (vidéo en triptyque/installation/son). En 2008, elle est choisie par la ville de Reims, pour un programme d’échange entre deux artistes et un écrivain sur deux villes (Reims / Arlington), et bénéficie pour cette commande d’une bourse de la ville de Reims et d’une résidence d’un mois par la ville d’Arlington. Pour Regards croisés / Crossing glances, elle a utilisé un appareil Panasonic LUMIX DMC-FZ7 12X Optical ZOOM 35mm EQUIV. 36-432  (MEGA O.I.S).

John Babineau, artiste photographe

Expo regards croisés Reims Arlington : John Babineau

John Babineau est un artiste photographe spécialisé dans la photo de rue. Né à Cambridge, dans le Massachusetts, élevé dans la région de Boston, il habite Arlington. C’est en recevant pour Noël, à l’âge de onze ans, un appareil Kodak Brownie Starflash qu’il conçoit une passion de toute une vie pour la photographie. Après trois ans d’armée, il fait des études à la New England School of Photography et au Massachusetts College of Art and Design où il obtient un diplôme de photographie et d’éducation artistique. Depuis, au niveau 3e cycle, il a suivi de nombreux cours d’art et ateliers de photographie, le plus récent d’entre eux au Fine Arts Work Center à Provincetown, dans le Massachusetts, en 2008. Il a enseigné la photographie à des groupes d’âges et de niveaux techniques variés et ses oeuvres ont été vues dans un grand nombre de lieux d’exposition des régions d’Atlanta, de Boston, de New York et de Washington. Pour Regards croisés / Crossing glances, il a principalement travaillé avec un appareil argentique à télémètre Fuji 6x9 et des films de moyen format, mais a aussi utilisé un appareil numérique Canon G9.

Didier Rousselet

Didier Rousselet est né à Paris où il a fait des études d’histoire, de géographie et de théâtre. Il habite Arlington. Comédien, metteur en scène et écrivain, il a d’abord joué et dirigé en France, en particulier à Paris et au Festival d’Avignon. Aux Etats-Unis il a créé et dirigé Le Neon Theatre, une compagnie bilingue implantée à Arlington. En seize saisons, il a mis en scène et joué dans une cinquantaine de spectacles dont le travail physique et stylisé ont valu à la compagnie un certain nombre de prix et de nominations (Theater Lobby, Helen Hayes Awards, Arlington Commission for the Arts). Didier a également mis en scène dans d’autres théâtres dont le Kennedy Center. En 2007 il a marché de Paris à Berlin et a tiré de l’expérience un livre : De ces lieux, de ces jours. Dans la publication Reims – Arlington : Regards croisés / Crossing glances, il a su cristalliser par la poésie de son verbe la rencontre des deux photographes avec la ville de l’autre.

lundi 2 février 2009

Printemps des poetes : René Daumal

René Daumal

René Daumal 2009 à Reims

René Daumal, l’ascension continue :

Quand Carnegie sort le Grand Jeu
17  fév. – 2 mai 2009, Bibliothèque Carnegie

A partir du 17 février 2009 en amont du Printemps des poètes, et jusqu’au 2 mai 2009, la bibliothèque Carnegie proposera à Reims l’exposition René Daumal, l’ascension continue. Poète d’origine rémoise, co-fondateur en 1928 de la revue Le Grand Jeu proche du surréalisme, René Daumal a inspiré jusqu’à nos jours de nombreux auteurs et musiciens dont Bob Dylan ou Patti Smith. L’exposition, co-produite par la Médiathèque Voyelles de Charleville-Mézières et la Bibliothèque municipale de Reims met en scène quelques-uns des documents les plus rares conservés dans ces deux établissements ainsi qu’un film sur la vie de René Daumal et son univers littéraire.
Manuscrits et dessins originaux de René Daumal (dont certains poèmes encore inédits), correspondance manuscrite de Daumal avec ses amis et collaborateurs, éditions originales de ses écrits parfois enrichies de gravures et lithographies uniques (parmi lesquelles : les trois exemplaires originaux de la revue Le Grand Jeu, un des exemplaires de l’édition originale du Contre-Ciel ornée des lithographies d’Etienne Cournault, le catalogue de la première exposition Le Grand Jeu à la Galerie Bonaparte…) : la plupart des pièces exposées ont été acquises par la Bibliothèque municipale de Reims et la médiathèque de Charleville-Mézières au cours des dernières années avec le soutien du Fonds régional d’acquisition pour les bibliothèques de Champagne-Ardenne. Enfin, en marge de ces pièces uniques, un film sur la vie de René Daumal et son univers littéraire (réalisé par Xavier Dandoy de Casabianca et Patti Smith) complète l’exposition.

René Daumal

René Daumal
René Daumal pendant ses années rémoises
Reims BM Grand Jeu 5215

René Daumal (Boulzicourt, 1908 – Paris, 1944) occupe une place à part dans le paysage littéraire de l’Entre-deux guerres. Engagé très jeune dans des expériences littéraires novatrices, il fonde avec des amis rémois le groupe des Phrères Simplistes, puis la revue Le Grand Jeu, qui s’inspire de Jarry et des avant-gardes surréalistes. Cherchant comme Rimbaud le « dérèglement de tous les sens », ses écrits se présentent comme une quête onirique d’un au-delà littéraire. Dans les années 1930, après la dissolution du Grand Jeu, il poursuit ses recherches en revenant aux sources de la ‘Pataphysique et en s’ouvrant à la culture indienne. Les principaux écrits de la maturité, La Grande Beuverie, Le Contre-Ciel et son roman inachevé Le Mont Analogue, dont le langage analogique permet plusieurs strates de compréhension, critiquent avec humour les principaux rouages de la société matérialiste occidentale. Admiré par de nombreux auteurs contemporains, très étudié dans les universités, René Daumal a inspiré de nombreux musiciens et chanteurs : de Bob Dylan dans les années 1960 à Patti Smith aujourd’hui. Patti Smith, saluant récemment « le conteur inouï, absurde et spirituel », déclarait penser tous les jours à ce poète qu’elle considère comme un frère.

Parcours

Chronologie

Inspirateur de nombreux auteurs contemporains, René Daumal (1908-1944) a joué un rôle considérable dans la création artistique du XXe siècle. Engagé très jeune dans des expériences novatrices, explorant le « dérèglement de tous les sens » cher à Rimbaud, s’ouvrant sur la culture indienne, il est un de ces grands poètes-voyants de la littérature française. Des premiers numéros du Grand Jeu aux oeuvres posthumes telles Poésie noire, poésie blanche ou L’Évidence absurde, on retrouve l’exigence incessante d’un absolu littéraire. En dénonçant avec humour les principaux rouages d’une société occidentale corrompue par le matérialisme et la perte de toute mystique, Daumal annonce la littérature révoltée de l'après-guerre.

16 mars 1908 : naissance à Boulzicourt (Ardennes)
1919-1922 : études secondaires au lycée Chanzy, à Charleville-Mézières
Mars 1922 : la famille Daumal s’installe à Reims (5, rue du Champ de Mars)
1922-1924 : études au Lycée de Reims. Daumal rencontre Roger Vailland, Roger Gilbert-Lecomte et Robert Meyrat.
1925 : reçu bachelier
1925-1927 : propédeutique au Lycée Henri-IV. Premières expériences de « vision extra rétinienne » avec Roger Vailland.
Juin 1927 : rencontre Josef Sima
Eté 1927 : voyage avec Gilbert-Lecomte en Auvergne ; premier séjour en haute-montagne, à Bourg d’Oisans
Octobre 1927 : licence de philosophie en Sorbonne ; écriture de Mugle.
Novembre 1927 : rencontre Véra Milanova
Décembre 1927 : rencontre André Rolland de Renéville

18 juin 1928 : Le Grand Jeu, n° 1
11 mars 1929 : André Breton organise le « procès » de Roger Vailland au Bar du Château

Mars 1929 : Le Grand Jeu, n° 2
Fin 1929 : rencontre avec Alexandre de Salzmann. Apprentissage du sanskrit.
1930 : Breton critique Le Grand Jeu dans son Second Manifeste du Surréalisme. Daumal prépare une riposte dans une « Lettre ouverte à André Breton », à paraître dans le 3e numéro

Automne 1930 : Le Grand Jeu, n° 3
Juin 1932 : « L’Affaire Aragon » précipite la dissolution du groupe « Le Grand Jeu »
Décembre 1392 : Daumal suit la troupe du danseur Uday Shankar aux États-Unis
Avril 1933 : retour en France ; après un service militaire écourté par son état maladif, Daumal s’installe à Paris, dans des conditions matérielles très difficiles ; sa santé se détériore
1934 : séjours en Haute-Savoie et en Suisse. Rencontre de Gurdjeff.
9 juillet 1935 : Le Contre-Ciel, obtient le prix Jacques-Doucet
Avril 1939 : publication de La Grande Beuverie. Daumal est de plus en plus malade et affaibli.
Été 1939 : Daumal commence l’écriture du Mont Analogue
1939-1943 : séjours en haute montagne pour lutter contre la tuberculose
21 mai 1944 : mort de René Daumal au 1, rue Monticelli à Paris
Quelques publications posthumes : Le Mont Analogue (1952), Chaque fois que l’aube paraît (1953), Poésie noire, poésie blanche (1954), Tu t’es toujours trompé (1970), Bharata : l’origine du théâtre (1970), Mugle (1978), Je ne parle jamais pour ne rien dire (1994)

"Des origines au simplisme"

Daumal et les Simplistes
Les Simplistes au bar du Cirque en mai 1924
(Daumal, Lecomte, Meyrat et Vaillant)
Reims BM Grand Jeu 5213

René Daumal naît en 1908 à Boulzicourt, dans les Ardennes. Son père, instituteur puis percepteur, est amené à travailler dans de nombreuses localités. René passe donc son enfance et son adolescence entre Vireux-Molhain, Paris, Charleville, et enfin Reims. Elève doué et précoce, il manifeste très jeune un goût prononcé pour la littérature.
En 1924-1925, son professeur de philosophie au Lycée de Reims, Marcel Déat (le futur homme politique), a la réputation de rejeter comme « simplistes » toutes les théories qu’il désapprouve. Daumal et quelques-uns de ses condisciples (Roger Gilbert-Lecomte, Robert Meyrat, Roger Vailland) décident d’adopter ce terme et d’en faire un étendard : ils seront les « phrères simplistes ».
Leur activité littéraire est déjà intense : sous l’égide du dieu « Bubu », qu’ils vénèrent, les jeunes gens composent dessins, textes et poèmes provocateurs, émaillés de jeux de mots ironiques, qu'ils rassemblent dans de petites compilations éphémères (« Bubu Magazine », « Le Petit Théâtre », etc.). Leurs écrits appellent à la révolte contre la platitude de la vie, incarnée par la morosité qui règne dans « Reims-la- Morte », détruite par la Grande Guerre.
Peu à peu, la recherche d’une littérature absolue, capable de dépasser l’insignifiance du quotidien pour embrasser la totalité du réel, les conduit à explorer des espaces alors inconnus : l’onirisme, le subconscient. Des expériences extrêmes (somnambulisme, consommation d'opium, d'éther, de tétrachlorure de carbone) leur font entrevoir de nouvelles étendues littéraires

La quête de l’absolu : Daumal et le Grand Jeu

Page du Grand Jeu
Page tirée de la revue du Grand Jeu N°3, BM, Rés, CHM 45.

Titulaires du baccalauréat, Daumal, Vailland et Gilbert-Lecomte se rendent à Paris pour préparer le concours d'entrée à l’Ecole normale supérieure.
Dans la capitale, ils rencontrent des artistes ou écrivains qui partagent leur soif de renouveau : André Rolland de Renéville, Maurice Henry, Hendrick Kramer ou encore le peintre Joseph Sima.
Daumal, Gilbert-Lecomte et leurs amis s’associent pour lancer une revue dénommée Le Grand Jeu, dont la page de titre arbore la fameuse « gidouille » , cette spirale dessinée par Jarry (« l’inventeur » de la ‘Pataphysique) pour orner le ventre d’Ubu.
Seuls trois numéros voient le jour entre 1928 et 1930, date de la séparation définitive d’un groupe tiraillé entre des tendances ésotériques et traditionnelles d’une part et des tendances révolutionnaires et communistes d’autre part.
Mouvement d’avant-garde artistique, d’inspiration rimbaldienne, le Grand Jeu est empli de paradoxes et de questionnements, d’expérimentations et d’illuminations.
Si les aspirations du Grand Jeu ont pu sembler assez proches du surréalisme au départ, une brouille entre les deux mouvements survient dès 1930. Alors que Breton critique le mysticisme du Grand Jeu, Daumal et ses amis reprochent aux surréalistes les facilités de l’écriture automatique et regrettent leur incapacité à comprendre le sacré. Ils prédisent même une triste fin à Breton : entrer dans les manuels d’histoire littéraire !

« Le chemin des plus hauts désirs passe par l’indésirable » : Daumal après le Grand Jeu



L.A.S de René Daumal à André Roland de Réneville
(22 juin 1932)
Papier.2p 21X27 Reims BM Grand Jeu 1327
Lettre signée le Grandjeu où Daumal introduit comme un rébus quantité de dessins originaux.
On y retrouve notamment la gidouille chère à Jarry.
Il s'agit en fait"de phynances" de la revue, à propos desquelles il tance son ami.

Après la dissolution du Grand Jeu, Daumal décide de rompre quelque temps avec la vie littéraire parisienne. Il s’engage comme attaché de presse auprès du danseur Uday Shankar, dont il suit la tournée aux Etats-Unis pendant l’hiver 1932-1933.
Revenu en France, il multiplie poèmes, textes biographiques et philosophiques, dans des conditions matérielles extrêmement difficiles : comme il refuse « la mangeoire » de l’instruction publique, ses seuls revenus lui viennent des articles qu’il écrit. Outre Le Contre- Ciel et La Grande Beuverie, il publie chaque mois des chroniques à la Nouvelle Revue Française, qui se réclament de Jarry et la L’Inde ‘Pataphysique, cette « science des solutions imaginaires ».
et sa civilisation le fascinent de plus en plus. Initié depuis la fin des années 1920 au sanskrit, la langue des textes sacrés hindous, il en propose une « grammaire » en français. En traduisant des passages de la Baghavad-Gita, il s’aperçoit que les sensations qu’il avait éprouvées au temps du simplisme pour tenter d’atteindre un état proche de la mort se retrouvent dans ces textes orientaux.
Sous la double influence de sa compagne Vera Milanova et de son ami Alexandre de Salzmann, il s’initie à l’enseignement du maître ésotériste Georges Gurdjeff, dont il devient un disciple. Cette recherche éperdue d’un maître, chez Daumal, lui vaudra les vives critiques épistolaires de Jean Paulhan et de Renéville.
Obligé de soigner sa tuberculose, Daumal effectue des séjours de plus en plus nombreux en haute montagne (essentiellement dans les Alpes). Il y trouve une pureté, une spiritualité qui l’inspirent pour esquisser les premières pages d’un grand roman : Le Mont Analogue.
Mais, maladif et fatigué, Daumal meurt en 1944 sans avoir pu achever sa dernière oeuvre.

Quelques oeuvres de René Daumal

Lithographie d'Etienne Cournault
Lithographie d'Etienne Cournault pour illustrer le Contre-Ciel
Paris 1936.
Reims B+M Rés. CHM 63

Le Contre Ciel
Recueil poétique publié en 1936 et aussitôt couronné par le prix Jacques-Doucet, Le Contre-Ciel rassemble plusieurs pièces que Daumal avait déjà publiées dans Le Grand Jeu ou dans Commerce. Ses poèmes se présentent comme une révolte contre la vie banale. Face au monde routinier, qu'il réfute par une accumulation d'aphorismes en forme de négations, Daumal tente d’atteindre une réalité totale, mais presque toujours hors de sa portée : car sa poésie de l’instant, toute en élans et en intuitions lumineuses, s'abîme parfois dans un échec assumé. La poésie pure, point aveugle où les contraires s'annulent et confinent au néant, ne peut être qu'entr'aperçue par le poète.

La Grande Beuverie Dans La Grande Beuverie, qui paraît en 1938, Daumal intègre le récit d’expériences intimes difficilement communicables : longs cheminements oniriques, travaux d’introspection menés selon les principes de Gurdjeff. Ce récit initiatique est introduit par plusieurs chapitres qui sont une transposition allégorique de ce que furent le simplisme et le Grand Jeu. On y retrouve le récit des expériences « extra rétiniennes », parsemé de thèmes bachiques empruntés à Rabelais. Dans cet essai d’introspection, on peut lire une critique radicale de la société et de l’individu qu’elle produit : le manque de connaissance de soi, les automatismes irréfléchis sont les signes d’une soumission à un ordre aliénant. La forme du récit, plutôt qu’une démonstration abstraite, permet de faire défiler un cortège d’erreurs vivantes dans lequel le lecteur est invité à se projeter pour se régénérer.

Le Mont Analogue
Le Mont analogue, roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques, resté inachevé à la mort de Daumal, est publié pour la première fois en 1952 par les soins de sa veuve, Véra. Ce récit met en scène les aventures d'un groupe d'aventuriers qui partent à la recherche du « Mont Analogue », montagne d'une hauteur incommensurable et pourtant invisible, qui serait le trait d'union entre le ciel et la terre. Les recherches sont dirigées par l'étonnant professeur Sogol (palindrome de « logos »), qui pense l'avoir localisé au coeur du Pacifique-Sud. Après un long voyage, l'équipe réussit à découvrir le Mont Analogue en profitant d'une courbure dans l’horizon. Elle accoste à Port-des-Singes, où sont amarrées des embarcations de toutes les époques et où l'on croise des arrivants de tous les âges. Alors que le groupe entreprend l'ascension du mont et redouble d'efforts pour le gravir, le récit s'arrête sur une virgule... Cette parodie humoristique des expéditions scientifiques de Jules Verne décrit la transformation des voyageurs, qui s'affranchissent progressivement de leurs réflexes moraux et intellectuels pour s'ouvrir à de nouveaux rapports avec la nature. Renonçant à l'absurde « cupidité de comprendre », ils peuvent découvrir les mystères et la poésie du monde. Le texte est une allégorie de la création poétique, des efforts à effectuer pour s'élever jusqu'à l'ultime connaissance, mais aussi la fable utopique d'un nécessaire retour sur soi-même pour un authentique progrès humain.

Daumal aujourd’hui

René Daumal lettre
René Daumal Rytme-Travail et Repos s.d Papier 5p 21,5 X 27 cm Reims B.M Grand Jeu 213
Manuscrit autographe. Etude importante sur la notion de Rythme qui permet un équilibre vital entre le travail et le repos. A partir de certaines définitions empruntées à son amie Mme de Salzmann, discipline de Gurdjieff, Daumal dévellope des vues très personnelles sur la question. Il cite donc divers passages d'une conférence faite pas Mme de Salzmann et les commente au fur et à mesure

De l’avant-gardisme du Grand Jeu aux illuminations du Mont Analogue, René Daumal a toujours porté très haut l’exigence de l’absolu.
Ses intuitions sur la part mystérieuse du réel, confirmées et approfondies par une fine connaissance de la culture indienne, sont à l’origine de nombreux mouvements philosophiques, littéraires et poétiques de l’après-guerre.
Admiré par de nombreux auteurs contemporains, très étudié dans les universités, notamment les universités américaines et russes, Daumal a par ailleurs inspiré plusieurs chansons contestataires au cours des dernières décennies. Des textes de Bob Dylan dans les années 1960 aux adaptations musicales récentes d’un Frédéric L’Epée, en passant par Patti Smith, figure majeure de la contre-culture américaine des années 1980, de nombreux chanteurs ont puisé dans les écrits de Daumal le rejet d’un matérialisme stérile. Patti Smith, saluant récemment « le conteur inouï, absurde et spirituel », déclarait penser tous les jours à ce poète qu’elle considère comme un frère.

Pratique

Pendant l’exposition

Spectacle Le Mont Analogue, par la Compagnie Les 3 Mondes (mise en parole par Simon de Gliniasty, comédien, Philippe Vaillant, conteur, mise en jeu de José Renault, musique de François Leclère) : médiathèque Jean Falala, jeudi 19 février à 19 h.

Colloque René Daumal : le désir d’être, par Philippe Vaillant : bibliothèque Carnegie, jeudi 5 mars de 10 h à 18 h.

Spectacle Le Mahabharata (texte oral indien, en hommage à René Daumal) par la Compagnie Les 3 Mondes (improvisation contée par Philippe Vaillant, accompagné par Franck Ladouce à la guitare) : médiathèque Jean Falala, vendredi 6 mars à 19 h.

Spectacle Poésie noire, poésie blanche (poèmes de René Daumal) par la Compagnie Les 3 mondes (lecture par Simon de Gliniasty et Philippe Vaillant, musique pour guitare par Franck Ladouce) : médiathèque Jean Falala, mardi 24 mars à 19 h.

Conférence La vie et l’oeuvre de René Daumal, par Philippe Vaillant : bibliothèque Carnegie, mercredi 25 mars à 18 h 30.

Lieux, horaires, catalogue

René Daumal : l’ascension continue
Du 17 février au 2 mai 2009

Exposition, colloque et conférence
Bibliothèque Carnegie
2, place Carnegie – Reims
Tél. : 03 26 77 81 50 Mail : carnegie@bm-reims.fr
Internet : www.bm-reims.fr
Entrée libre et gratuite.
Mardi, mercredi, vendredi : 10 h - 13 h ; 14 h - 19 h ; jeudi : 14 h - 19 h ; samedi : 10 h - 13 h ; 14 h-18 h.

Spectacles
Médiathèque Jean Falala
2, rue des Fuseliers – Reims
Tél. : 03 26 35 68 00
Mail : jfalala@bm-reims.fr
Internet : www.bm-reims.fr
Entrée libre et gratuite.
Mardi, jeudi, vendredi : 13 h - 19 h ; mercredi : 10 h - 19 h ; samedi : 10 h - 18 h ; le 1er dimanche du mois (sauf en juillet-août) : 15 h - 18 h.

Catalogue
Catalogue de l’exposition Editions Eoliennes : 20 €, en vente sur place (bibliothèque Carnegie et médiathèque Jean Falala).
Bibliothèque Carnegie - Photo Ville de Reims / J. DRIOL.