Zimba, le Zèbre

Il y a très, très longtemps, une femme et un homme tout blanc sont venus
vivre ici. Ce sont les ancêtres de Kim. Ils eurent des enfants qui, sous les
rayons du soleil se mirent à bronzer, et les enfants des générations
suivantes furent de plus en plus bronzés.
C'est pour cela que Kim à la peau toute noire, mais il a aussi les cheveux
très fins et très frisés qui le protègent de l'astre de feu. Dans son
village, les maisons n'ont pas de murs, les toits sont recouverts de grandes
feuilles de bananiers. A l'école de Kim, il n'y a pas de table, pas de
chaise, l'instituteur parle en faisant de grands gestes, les enfants sont
joyeux et chantent accompagnés parfois par le barrissement d'un éléphant ou
le rugissement d'un lion.
Pendant ce temps les hommes de la tribu parcourent la forêt en quête de
nourriture, et les femmes s'occupent des enfants et de préparer le mil, ce
sont des graines qu'elles martèlent dans une calebasse à l'aide d'un bâton
et de la farine, font de grande galette qui sont cuite dans le feu qui se
trouvent au milieu du village.
Quand il sera grand Kim, apprendra à chasser et ira pécher sur le grand
fleuve.
En attendant ce jour
.
Tous les après midis, avec son grand frère Zoul, il part dans la savane parmi
les herbes hautes et jaunes, ils observent les gazelles qui se déplacent en
faisant de grands bonds, les girafes et leur long cou manger les jeunes
feuilles qui se trouvent à la cime des arbres, les buffles qui se reposent,
et une multitude d'oiseaux aquatiques qui pêchent, aperçoivent les
hippopotames qui barbotent dans l'eau.
La nuit commençait à descendre, quand Kim et Zoul découvrirent dans les
fourrés, une sorte de petit cheval tout blanc, ils fouillèrent les alentours
mais aucune trace de la maman de ce si joli bébé.
Si nous le laissons là, les lions vont le dévorer, dit Zoul
Emmenons le chez nous s'écria Kim.
Ils baptisèrent leur nouvel ami Zimba
L e père de Kim et de Zoul aidé de leur oncle, construisirent un grand enclos
avec de longues perches de bois entrecroisées et liées avec des lianes, les
enfants coupèrent des brassées d'herbe pour faire à leur nouvel ami une douce
et chaude litière.
Kombo, le potier fabriqua un gros biberon en terre cuite, les femmes
confectionnèrent une tétine en peau de buffle.
Et tous ceux qui possédaient une chèvre donnèrent un peu de lait pour le
petit cheval.
La lune était déjà haute dans le ciel, quand Kim s'endormit. Au petit jour il
courut à l'enclos, mais en traversant le village il vit Zimba qui visitait
une à une toutes les cases, renversant tout sur son passage.
Zimba arrête criait Kim
Mai le poulain, bondissait de plus bel, effrayant les chèvres, tous les
habitants essayaient d'attraper Zimba mais personne n'y parvenait
Le chef et le sorcier arrivèrent à leur tour le chef parla avec le sorcier un
moment et dit :
Donnons tous la main, encerclons cet animal et reconduisons le dans son
enclos, chacun se donna la main et Zimba fut ramené dans son enclos malgré
ses tentatives pour traverser cette clôture humaine. L'oncle des deux enfants
renforça la barrière pour que ce petit garnement de cheval blanc ne puisse
plus s'échapper.
Les jours et les jours passèrent, maintenant Zimba avait grandi, il ne buvait
plus de lait et très tôt le matin Kim et tous les enfants du village allaient
chercher de grosses brassées d'herbe fraîche, Zimba mangeait et dormait la
plus part du temps à l'ombre du grand baobab, on le trouvait le plus souvent
couché le long de son enclos et toujours à la même place, et le soleil au
travers des branchages de l'enclos dessinait de longues raies brunes, il
était maintenant tout rayé.
Tu sais Kim dit Zoul
-Tu devrais l'emmener brouter, au lieu de lui apporter à manger, Passe-lui
cette liane autour du cou, comme cela tu pourras le retenir.
Kim passa la liane et Zimba sagement le suivit et se mit à brouter dans la
grande prairie.
Kim serrait la liane fortement dans sa main, mais Zimba d'un
coup se mit a bondir, à ruer, à hennir et soudain la liane se brisa et Zimba
se mit a courir, Kim l'appela, mais Zimba galopait autour de lui en
décrivant de grand cercle, et à chaque fois qu'il allait l'attraper, il se
sauvait de nouveau.
Zoul qui avait assister à la scène essaya aussi d'attraper le jeune zèbre,
mais en vain.
Kim criait viens Zimba, il est tard, la nuit va tomber, il faut retourner au
village mais le petit cheval rayé ne l'écoutait pas et continuait à jouer
dans les hautes herbes.
- Viens Kim dit Zoul il est tard il faut rentrer et les deux enfants
s'éloignèrent en regardant de temps en temps derrière eux et quand Zimba les
aperçut, très loin, de lui il se mit à hennir, et revint à toutes jambes
vers les deux enfants arrivant prés d'eux tout essoufflé
La prochaine fois je ne t'attendrais pas dit Kim content tout de même d'avoir
rattraper Zimba et ensemble ils regagnèrent le village.
Deux longs mois passèrent encore sous le soleil d'Afrique
.
Désormais on ouvre l'enclos de Zimba, le matin et il part dans la savane ou
boire au fleuve, regagne le village et son abri le soir, et aux heures les
plus chaudes on le trouve endormi le long de la barrière de son enclos. Tous
les habitants veille sur lui, Zimba se laissait caresse, mais jamais personne
ne peut monter sur son dos ça, il ne veut pas
.
Il était devenu l'ami de tous et parfois son long hennissement déchirait
l'air torride de la savane.
Mais une voix l'appelait chaque nuit, une voix que seule les animaux
entendent, Zimba , Zimba viens, viens , viens avec moi, tu es un animal
sauvage, ta place est dans la savane, viens vivre dans mes grands espaces
viens manger mon herbe, viens , viens
Un matin Kim trouva Zimba qui humait l'air frais et s'enivrait des odeurs de
la savane .
-
Qu'as-tu Zimba demande Kim ?
Le zèbre regarda l'enfant et s'approcha
-
Viens, on va aller
voir le sorcier , renchérit Kim, il te soignera
Malouga.
Le grand sorcier regarda les yeux de Zimba et dit : les dieux ont
parlé à notre ami le zèbre et les siens le réclame, sa vie est au milieu
d'eux, il doit choisir.
Kim accompagna Zimba au bord de la grande prairie
- si tu dois partir, pars
maintenant, va-t'en!!
Zimba fit quelques pas, s'arrêta et se retourna, hennit
si fort que tout les habitants du village accoururent, mais déjà Zimba
filait à vive allure dans la savane.
- Ne sois pas triste dit Zoul à Kim, tu devrais être joyeux, Zimba à retrouver
sa liberté, c'est ce que chacun a de plus précieux.
Et depuis ce jour, chaque année, juste après la saison des pluies, on entend
un long et fort hennissement traverser la savane, c'est Zimba qui revient
saluer tous ses amis de la tribu.
Et si tu vois un jour un drôle de petit cheval blanc avec de grandes raies
noires, tu sauras que c'est un enfant de Zimba et qu'il ne sera jamais aussi
heureux que dans le pays de Kim.
D.DUMON
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